Suite au premier volet de Bruit de couloir, Alexandre Dufaye m’a proposé d’intervenir pour cette seconde série, sur les verres de son appartement.
Constituant un ensemble de paravents au sein même de son intérieur, le contexte de cette exposition place l’artiste dans une position particulière. Voulant évacuer les questions de
décoration, d’oeuvre in-situ ou encore du show-room, je me suis orienté dans cet exercice sur le vécu ordinaire et intime du collectionneur parmi les oeuvres.
C’est dans ce contexte que j’ai cherché à comprendre un espace de circulation pour en complexifier l’appréhension, tant visuelle que physique, puisque ces « paravents » constitués deplaques de verre sont transparents.
Il ne s’agit donc pas d’intervenir dans un salon, afin de créer une nouvelle oeuvre dans un espace unique, mais de tenter de brouiller la vision d’un ensemble. Cette vision active, qui porte sur le temps que l’on attribue à une peinture, est tout autant un jeu physique permettant une approche plus sensible.
La circulation du spectateur dans un espace est un enjeu primordial au sein d’une exposition. Cette question sera abordée différemment pour appréhender une oeuvre, une peinture, une sculpture, ou encore une installation… que ce soit au sein d’une galerie, d’une institution, en intérieur ou en extérieur.
Dans un appartement, la circulation est pratique et usuelle. L’espace et les oeuvres pourront être expérimentés avec soin dans un premier temps, au quotidien, elles appartiendront à l’espace au même titre que le piano.
L’interdiction visuelle, le reflet, l’éclat au coin de l’oeil des verres miroitant peuvent alors interpeller et fournir des rappels de l’oeuvre lors des déplacements au sein de cet espace. Déployer le champ de vision et constamment re-découvrir l’espace environnant afin de rendre toujours visible, toujours différente, l’oeuvre dans l’espace.
Dans ce projet où rien n’est prévisible - ni l’échec ni la réussite - c’est lors de la création au sein même du lieu, que cette proposition trouvera sa légitimité.