L’aspect mentalement mécanique de la peinture est soudain devenu physique lorsque j’ai commencé à comprimer la matière sous des plaques de plexiglass.
La peinture montre ici sa nature intrinsèque par un geste unique et figé sur un find composé. Elle vient ici combler un manque. La peinture se révèle pour elle-même, il n’y a que cela à voir. Dès lors je me suis trouvé simultanément “faiseur” et “regardeur”, l’acte irrémédiable d’enfermer le tableau (sous le caisson de plexiglass) ne permettant pas de maîtriser ou de choisir le mouvement de la matière, ni de revenir en arrière.
L’acte fige et distancie aussi bien l’oeuvre que l’exécutant.
Dans la peinture The Dark Knight le geste est devenu mécaniquement répétitif par l’utilisation de plusieurs plaques de Plexiglas, de petites dimensions. Celles-ci jouent du débordement et de l’accumulation de matière colorée qui lui est propre.
Les plaques étant recouvertes d’un vernis transparent noir masquent la couleur sous les plaques pour mettre en évidence un jeu de glacis se référent à la peinture classique dans les différentes valeurs du noir.
La peinture se montre ici sous la forme du trop, du rejet. La matière déborde sous l’action de la pression et s’accumule entre les différentes plaques.
Le geste n’est plus unique, il est multiple, laborieux dans sa répétition mécanique , accidentel et expérimental dans ce qu’il provoque sur la matière, dépendant de la quantité et de la couleur. Mais également présent par son absence, il manque parfois des plaques ou celles-ci ne sont que moitiés.
L’absence révélant le fond du tableau, devient un détail cherchant à interrompre puis relancer le regard.